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Le projet BD Mac Orlan dans les Cahiers de l'Iroise

Publié le par CasaNostra

Arnaud Le Gouëfflec - Briac / Sixto éditionsBelle surprise du printemps 2014, Briac et Arnaud Le Gouëfflec composent à quatre mains un atypique album de bande dessinée dédié aux nuits brestoises et au génial Pierre Mac Orlan. Briac (auteur de la couverture de ce numéro des Cahiers de l’Iroise) est un dessinateur remarqué avec ses premiers albums parus aux éditions Le Télégramme. Ainsi, Armen (2008) narrait un angoissant et passionnant huis-clos entre un gardien de phare breton et un officier allemand durant la Seconde Guerre mondiale, tandis que Les Gens du Lao-Tseu (2010) proposait, sous la forme d’un polar urbain, une truculente chronique sociale dans le Brest des années 1920. Avec ce deuxième ouvrage, déjà, des ambiances « à la Mac Orlan » et « à la Pierre Péron » étaient indéniablement présentes… Quant à Arnaud Le Gouëfflec, on ne présente plus ce caméléon brestois : romancier, musicien, scénariste de BD, organisateur du Festival Invisible… ce stakhanoviste n’a de cesse de s’essayer à tous les styles avec une indéniable originalité.

Avec leur bande dessinée Mac Orlan, les auteurs narrent la venue à Brest d’un thésard spécialiste de l’oeuvre de l’auteur de L’Ancre de Miséricorde et des Clients du Bon Chien Jaune. En vue d’achever sa thèse, cet étudiant se rend dans la cité du Ponant afin de rencontrer un bouquiniste qui prétend avoir mis la main sur un manuscrit inédit de l’écrivain de Saint-Cyr-sur-Morin. Pour composer son récit, le scénariste s’appuie bien sûr sur l’oeuvre de Pierre Mac Orlan, en extrait certaines atmosphères caractéristiques et laisse libre cours à son imaginaire de romancier. Quant au dessin expressionniste de Briac, au trait pâteux et aux couleurs sombres (chaque case se présentant comme un véritable petit tableau), il colle parfaitement avec le propos d’Arnaud Le Gouëfflec. S’étant plongé dans les ouvrages de Mac Orlan, Briac en a extrait la quintessence, tout en s’inspirant très librement de l’esthétique des adaptations cinématographiques de La Bandera (un film réalisé par Julien Duvivier en 1935) et du Quai des Brumes (chef d’oeuvre de Marcel Carné filmé en 1938). Il en résulte un bien bel album que nous vous invitons à découvrir

 

Briac et Arnaud Le Gouëfflec dans les pas de Pierre Mac Orlan

Avec Mac Orlan, le dessinateur Briac (Armen, Les Gens du Lao-Tseu) et le scénariste Arnaud Le Gouëfflec (Vilebrequin, J’aurai ta peau Dominique A.) consacrent un très bel album de bande dessinée à Pierre Mac Orlan (1882-1970), membre de l’Académie Goncourt, chantre du Brest de l’entre-deux-guerres, maître du «fantastique social», auteur de magnifiques romans nommés Le Chant de l’équipage, À bord de l’Étoile Matutine, Les Clients du Bon Chien jaune, L’Ancre de Miséricorde… Rencontre à Recouvrance.

Arnaud, quel est le propos de la bande dessinéeMac Orlan ?

Arnaud Le Gouëfflec : C'est l'histoire d'un spécialiste de l'oeuvre de l’écrivain Pierre Mac Orlan qui vient à Brest pour terminer une thèse qui n'en finit plus, appâté par un bouquiniste qui prétend détenir un manuscrit inédit. Très vite, sa trajectoire s'égare dans la nuit brestoise et vire au cauchemar. S'ensuit une quête nocturne entre onirisme, polar et folie…

Votre album comprend-t-il des extraits d'ouvrages de Pierre Mac Orlan ?

Arnaud Le Gouëfflec : Pas à proprement parler, mais il croise en revanche les thèmes de son oeuvre qui sont autant de leitmotivs. Je pense à la figure du Diable, du marin, du pirate, au thème du cabaret, de la lanterne, etc... On a conçu l'intrigue comme un jeu de cache-cache avec ces thèmes, obsessionnels dans l'oeuvre de Mac Orlan.

Briac, comment s'y prend-t-on pour retranscrire graphiquement les riches univers de Mac Orlan ?

Briac : J’ai été séduit par les univers de Mac Orlan réinterprétés par Arnaud Le Gouëfflec. Je crois que si Arnaud m'a proposé ce projet, c'est qu'il pensait que mon style graphique conviendrait aux thèmes «macorlanesques». C'est vrai que j’aime ces thématiques : Brest, son port, l'océan, la nuit et ses lanternes, les personnages outrés... Les deux auteurs m'ont gâté ! En outre, le fantastique que Pierre Mac Orlan qualifiait lui-même de «social» a beaucoup de points communs avec l'expressionnisme, à ce qu'il me semble… Il faut plus s'occuper de l'âme que de la réalité ! Techniquement, j'ai travaillé le traitement pictural en mélangeant encres et acrylique sur un fond enduit. Cela a pour but de renforcer l'atmosphère de chaque scène et de rendre le côté «suintant» qu'Arnaud et moi souhaitions pour cette histoire...

Quelles sont vos sources d'inspiration ?

Arnaud Le Gouëfflec : J'ai bien évidemment compulsé l'oeuvre de Pierre Mac Orlan et le mémoire universitaire de Sophie Laot, une spécialiste de Mac Orlan qui m'a apporté des clefs précieuses. Et j'ai surtout été inspiré par le dessin de Briac : son côté expressionniste et inquiétant qui me semblait coller parfaitement avec le sujet !

Briac : Je ne me suis pas plongé comme Arnaud dans l'oeuvre mais j'avais, bien sûr, en mémoire deux ou trois romans de Mac Orlan, et deux films qui m'ont vraiment marqué : La Bandera et Le Quai des Brumes avec les somptueux décors d’Alexandre Trauner. Et puisque l'on parle d'expressionnisme – toi, mieux que quiconque, sais à quel point ces références comptent – les films de Friedrich Wilhelm Murnau, de Fritz Lang, des peintres comme Soutine, Emil Nolde ou Egon Schiele m'accompagnent pendant la réalisation de mes planches...

Brieg Haslé-Le Gall, Les Cahiers de l'Iroise

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